CIVILISATIONS : La chicha, bière des Incas

 

Connaissez-vous la chicha ? Cette boisson est emblématique dans certains pays d'Amérique Latine dans les Andes comme le Pérou, l’Equateur ou la Bolivie.

La chicha est LA bière locale.

Il existe 2 sortes de chicha : la chicha de jora (alcoolisée) et la chicha morada (non alcoolisée). Nous parlerons ici de la chicha jora.

C'est donc une boisson alcoolisée à base de maïs fermenté dont la couleur est jaune pâle.

La chicha peut être produite à base de différentes céréales (comme le quinoa), mais celle à base de maïs revêt une symbolique plus importante car le maïs était considéré comme la céréale magique par les Incas : elle leur permettait de survire dans des conditions climatiques extrêmes. C’est un héritage direct du XVème siècle où elle était une boisson sacrée permettant de rentrer en communication avec les Dieux.

Au temps des Incas, elle était bue et servie pendant les cérémonies religieuses comme lors de "l’Intiraymi" (la Fête du Soleil au Pérou le 24 juin) ou donnée en offrande aux ancêtres. La boisson était d'abord offerte à la "Pachamama" (la Terre Mère en quechua, la langue des Andes) en signe de gratitude pour demander d'avoir des terres plus fertiles. L'étape d'après consistait à saluer les montagnes en levant le calice vers le ciel. Puis c'était le moment de boire la « chicha » pour transcender l'existence et se rapprocher des Dieux.

La consommation de la chicha respectait alors la hiérarchie sociale : on la donnait d’abord à boire aux Dieux, puis au chef Inca et c’est seulement ensuite que le peuple pouvait se la partager.

Le terme « chicha » a été donné par les espagnols à leur arrivée au XVème siècle lors de la conquête du Nouveau Monde. En quechua, on parle de « akha ».

La fabrique où est produite la chicha est une « chicheria ».

Concernant le procédé de fabrication, les locaux la fabriquent "à la main" suivant un procédé bien spécifique.

Le maïs est d'abord trempé dans l'eau pour favoriser la germination. Après lui avoir enlevé les sucres de malt, il est mis à sécher au soleil. Les grains sont ensuite écrasés avec une meule et réduits en poudre ; le tout étant versé dans un grand récipient en argile auquel on ajoute 30% d’eau. Ce mélange est ensuite cuit plusieurs fois pour ensuite y ajouter de l’orge maltée. Certains y ajoutent leur propre touche en infusant le mélange avec de la camomille, de la cannelle ou d’autres ingrédients. Pour finir, il convient de laisser reposer 1 ou 2 jours pour permettre la fermentation.

Dans certaines régions reculées des Andes (ou en Amazonie), les maïs est moulu... dans la bouche en mastiquant des heures pour y ajouter la salive (ça vous tente de goûter, n'est-ce pas?)

Les histoires locales (surtout en Vallée Sacrée au Pérou) racontent que si vous en buvez suffisamment, vous ne pourrez plus partir de la région !

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